Réforme fiscale des retraites : la fin de l’abattement de 10 % et ses conséquences
- Loop Patrimoine
- 18 août
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Le gouvernement souhaite supprimer l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite pour le remplacer par une déduction forfaitaire de 2 000 € par personne. Derrière ce changement technique se cache une véritable bombe fiscale : 1,4 million de retraités impactés, 5 sur 10 plus imposés, et seulement 100 000 bénéficiaires. Décryptage d’une réforme qui ravive le débat sur la solidarité intergénérationnelle.
L’essentiel à retenir
1,4 million de retraités seraient concernés.
1 retraité sur 2 verraient leur impôt augmenter.
Seuls 100 000 retraités modestes seraient gagnants.
1 milliard € de recettes fiscales supplémentaires pour l’État.
Pourquoi cette réforme ?
Dans un contexte de redressement des finances publiques, François Bayrou, Premier ministre, a annoncé le 15 juillet dernier la fin de l’abattement de 10 %. Officiellement, il s’agit de renforcer l’égalité fiscale entre les générations de retraités.
Selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, cette réforme vise à réduire les inégalités entre retraités aux pensions élevées et retraités modestes.
Mais derrière l’argument d’équité se cache une logique budgétaire : rapporter 1 milliard d’euros par an aux finances publiques.
Un impact fiscal massif
En réalité, la mesure pèserait sur la grande majorité des retraités :
Le forfait unique de 2 000 € est moins avantageux que l’abattement proportionnel de 10 % pour ceux percevant une pension moyenne ou supérieure.
Résultat : 1 retraité sur 2 paieraient plus d’impôt.
Seuls les retraités aux pensions inférieures à 20 000 € par an (soit 1 666 €/mois) en sortiraient gagnants.
L’OFCE estime que 1,4 million de ménages retraités verraient leur fiscalité augmenter dès 2026.
Effets possibles sur les prestations sociales
Une question reste ouverte : ce nouveau calcul s’appliquera-t-il aussi aux revenus pris en compte pour les aides sociales (ASPA, APL, etc.) ?
Si le forfait de 2 000 € remplace l’abattement actuel, certains retraités modestes pourraient voir leurs ressources déclarées diminuer.
Selon l’économiste Sylvain Duchesne (IPP), jusqu’à 1,5 million de retraités pourraient bénéficier d’aides sociales plus importantes.
Mais cette hypothèse, coûteuse pour les finances publiques, semble peu probable au vu de l’objectif de 1 milliard € d’économies.
Une réforme politique avant tout
Cette mesure s’inscrit au cœur des arbitrages budgétaires :
L’exécutif met en avant la nécessité de réduire la dette publique.
L’opposition, de droite comme de gauche, dénonce une atteinte au pouvoir d’achat des retraités.
Le débat risque d’être relancé lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2026 à l’automne.
Le dilemme est clair : faut-il privilégier un rendement fiscal immédiat ou préserver une solidarité entre générations de retraités ?
Analyse : un risque de fracture générationnelle
Selon l’économiste Sylvain Duchesne, cette réforme traduit une rupture :
« Il n’y a plus de solidarité générationnelle entre retraités. Les plus aisés contribuent davantage, mais au prix d’un sentiment d’injustice pour une classe moyenne déjà fragilisée par l’inflation et le coût du logement. »
En d’autres termes, la mesure risque d’opposer les retraités entre eux :
Les modestes, qui en tireraient un léger bénéfice.
La majorité, qui subirait une hausse d’impôt sans contrepartie.
Conclusion
La réforme fiscale des retraites cristallise un double enjeu : financier pour l’État, social pour les ménages. Si elle devait entrer en vigueur telle quelle, elle alourdirait la charge fiscale de la grande majorité des retraités tout en rapportant 1 milliard € aux caisses publiques.
Reste à savoir si l’exécutif aura la capacité politique d’imposer cette mesure contestée ou s’il devra céder face à la pression sociale et parlementaire.
Rendez-vous à l’automne 2025, lors des discussions du projet de loi de finances, pour connaître le sort de cette réforme explosive.